• En Terre Etrangère de R. Heinlein

    En Terre Etrangère, de Robert Heinlein 


    1961, «Stranger in a Stange Land».

    
D’où, une polémique sur la traduction adéquate du titre français...

    
Prix Hugo 1962



     

    En Terre Etrangère de R. Heinlein

     

    Résumé : 



    L’intrigue est relativement simple. Valentin Michael Smith est né sur Mars alors que la terre avait expédié première expédition sur la planète, et il en est le seul survivant. De retour sur Terre, le jeune homme est l’enjeu de divers groupes de pression, dont la présidence des USA. Mis au secret pour servir «les intérêts de la nation», il s’échappe grâce à l’aide d’une infirmière. Par la suite, il trouve refuge chez un homme excentrique, Jubal Harshaw qui s'attache à son éducation. Une éducation somme toute originale: un mix entre l’ambiance des sixties et la nécessité d’être des citoyens responsables. De ces diverses expériences, notre héros établit une philosophie de vie axée sur l’écoute, l’empathie entre autre.
    Une fois acquise la compréhension de l'humanité, Mike s’attaque à l’éducation des humains par le biais de cette dernière et en usant du bras armé qu’est son «église». Il devient ainsi un nouveau messie....



    En Terre Etrangère est une des oeuvres majeures de Robert Heinlein. Il s’agit d’ une satire complexe qui s’attaque à la société américaine, à son mode de vie et à son impérialisme culturel. Heinlein utilise de nombreuses allusions littéraires et philosophiques pour mieux critiquer  la structure sociale US et pointer ses dérives dans divers domaines : sexe, amour, mariage, politique, religions,  spiritualité, économie, préjugés, journalisme, pouvoir et dirigeants, relations hommes/femmes, ect...


    Certaines références peuvent passer inaperçues notamment quand Heinlein rend hommage aux auteurs américains;  en revanche, d’autres sont plus accessibles telles que les références liées à la sémantique. En effet, il est aisé de remarquer combien son héros est attaché à la précision de certains de termes et à leur pleine signification (et leur respect). C’est à cette occasion qu’on doit à Heinlein une des meilleures définitions et illustrations de l’amour avec «le frère d’eau» : «l’amour est la condition par laquelle le bonheur de l’autre est indispensable au sien».  La compréhension d’autrui et de toute chose avec «gnoquer» - «boire l’eau» au sens littéral  - est d’une grande portée philosophique (également) avec sa très forte connexion à l’eau du baptême, un symbolisme assez présent dans le livre.


    Le but d’Heinlein est de pousser le lecteur à s’interroger sur sa façon de vivre et de penser, de se remettre en question personnellement mais aussi en tant être social, en posant un regard sans concession sur sa propre organisation sociale.
Son tour de force est de proposer cette réflexion sans émettre d’hypothèse ou de donner ses vérités, mais uniquement en soulevant des questions.


    Il utilise souvent une opposition entre deux pôles : la naïveté de Mike par rapport à l’expérience et la sagesse de Jubal Harshaw, le Carnaval et le Zoo (pour le Paradis et la Terre);...
    Son style, loin d’être simple même s’il demeure aisé à lire, est léger et teinté d’humour tout «britannique». C’est une lecture indémodable.


    Son objectif est globalement atteint car cet ouvrage fait désormais partie des incontournables, et a fait l’objet de nombreuses analyses et essais. Cependant, la réception de ce roman (et de cet auteur) en France est décevante voire incompréhensible. Pour donner un élément de comparaison de cette dernière et non des oeuvres, il suffit d’analyser l’apport de l’oeuvre de Montesquieu dans le monde. Avec Lettre Persanes, Montesquieu utilise un procédé  similaire et qui sera repris plus tard (et dans En Terre Etrangère également) : l’étranger relatant sa découverte d’une contrée inconnue. Ce fut l’alibi pour critiquer la société d’alors, et l’Ancien Régime.  A l’heure actuelle, c’est un chef d’oeuvre, et une source de références incontestées. C’est loin d’être le cas pour Heinlein, et c’est dommage de sous-estimer son apport.

     

    

En Bref :
 Liser le! Acheter-le, emprunter-le ou voler-le!!!!


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  • Commentaires

    1
    Dimanche 23 Décembre 2012 à 10:33
    Guillaume44

    Un excellent roman, en effet !

    2
    lutin82 Profil de lutin82
    Dimanche 23 Décembre 2012 à 11:39

    Oui. Excellent à plus d'un titre. Déjà au premier degré, et puis toute sa portée. Un régal.

    3
    Lundi 24 Décembre 2012 à 05:52

    Boah, Quand même, beaucoup de gens en France apprécie Robert et en font des colloques et des thèses. T'avais lu mon bifton sur ce bouquin ?

     

    4
    lutin82 Profil de lutin82
    Lundi 24 Décembre 2012 à 09:37

    J'ai lu une version à la bibliothèque municipale qui datait de 1965. "Les chefs d'oeuvre de la SF" avec une préface de je ne me rapelle plus qui.... J'ai été attérée de lire cette dernière. C'était une descente en règle du bouquin de l'auteur et de la SF made in US. Une position que j'ai eu l'occasion de relire ultérieurement. D'où mon opinion assez tranchée sur son apport.

    Non, je n'ai pas lu ton bifton. Tu me donnes le lien ?

    Merci

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